Qui pourrait croire que le château de la Bourdaisière, à Montlouis-sur-Loire, était auparavant une maison de retraite ? Lorsque Louis Albert de Broglie rachète le domaine en 1991, il décide de le rénover entièrement. Devenu hôtel, le château cache également en son sein le conservatoire national de la tomate, avec pas moins de 642 variétés, rien qu’ça !
Quand Louis Albert de Broglie, surnommé depuis le « prince jardinier », prend possession des lieux, le potager est à l’abandon, les serres sont en ruine. Bref, il y a du travail ! Seules la tonnelle de rosiers et la vigne le long des murs sont exploitables.
Il faudra attendre la fin des années 1990 pour que le jardin prenne forme et ressemble à ce qu’il est aujourd’hui.
Afin de dynamiser le potager et lassé de trouver toujours les mêmes sortes de tomates dans les supermarchés, le prince de Broglie a tout misé sur ce fruit. La collection de tomates était née ! Une collection qui s’est étoffée au fil du temps, passant d’une vingtaine de variétés à plus de 640 aujourd’hui !
Russie, Etats-Unis, Inde… Les 642 variétés de tomates du potager de la Bourdaisière viennent d’horizons bien différents et arborent des noms originaux, parfois loufoques, toujours très recherchés.
Nicolas Toutain règne sur ce potager depuis 2007. Jardinier surdiplômé originaire de Normandie, il s’est retrouvé en Touraine un peu par hasard après ses sept années d’études. Son rôle ici ? Entretenir le potager, mais aussi et surtout maintenir et mettre en valeur la collection de tomates, un travail qui lui prend les ¾ de son temps.
En connaisseur, Nicolas Toutain nous a dévoilé ses variétés préférées : « La “Paul Robeson“, très fragile, est une tomate noire (rouge-brun) un peu marbrée de rouge à l’intérieur. Sa chair est fine et un peu sucrée. Elle porte le nom d’un chanteur de gospel noir américain, mais elle est russe en fait ! La “Verna orange“ ressemble, quant à elle, à une tomate cœur de bœuf, grosse, un peu pointue, très charnue, avec une chair fine et peu de pépins. La “Russian persimmon“ est une tomate orange pas très grosse. Sa saveur est riche, sa peau fine et sa chair fondante. Il y a aussi la “Anna russian“ et la “Grégory Altai“ ».
Engrais à base de fumier de volaille (ici, en granulés), engrais vert pour enrichir le terrain (plantes incorporées dans le sol) ou encore bouillie bordelaise (sulfate de cuivre) pour soigner les plantes... Le potager est cultivé de façon bio mais ne possède pas le label. « De toute façon, le but du jardin n’est pas de produire mais de faire découvrir », nous rappelle Nicolas Toutain.
Outre le fait d’entretenir le potager, Nicolas Toutain aime faire découvrir aux visiteurs les différentes sortes de tomates dont regorge le jardin. La “jaune à farcir“, par exemple, vaut vraiment le coup d’œil. Ressemblant à un poivron, elle est creuse, sans jus et ses pépins sont rassemblés au milieu. Elle est donc idéale pour être farcie.
Dans le même genre que la “jaune à farcir“ : la “striped cavern“ (à gauche sur l’image). « Caverne » car creuse, « striped » car striée. Très jolie, creuse, elle est rouge/orangée et se farcit facilement. Nouvelle venue dans le potager cette année : la “OSU“, pour Oregon State University. Ce n’est pas la préférée de Nicolas Toutain mais elle a pour elle l’originalité. Bleutée lorsqu’elle mûrit, elle redevient rouge foncée une fois mûre !
A côté du potager, on trouve le « Dahliacolor » avec ses 180 variétés de dahlias !
Non loin du « Dahiacolor », le bar à tomates accueille jusqu’en octobre les fins gourmets désirant déguster tartes, jus ou gaspachos, mais mieux vaut appeler avant pour savoir si c’est ouvert.
Riche de ses 642 variétés de tomates, le potager de la Bourdaisière est depuis 1998 le Conservatoire national de la tomate, agrément attribué sur demande par le Conservatoire des collections végétales spécialisées (CCVS).
« Les tomates récoltées sont utilisées au bar à tomates ou au salon de thé du château. Et si on a une grosse production en fin de saison, on peut en vendre un peu lors du festival de la tomate par exemple », nous explique Nicolas Toutain. Pas cette année malheureusement, la météo n’ayant vraiment pas été clémente…