Publié le 09 juillet 2014

Jéroboam, Nabuchodonosor, Mathusalem... Des noms de personnages sortis tout droit de la Bible, mais pas que ! Ils désignent également des bouteilles de vin selon leur volume. Cette coutume remonte au XIXe siècle et a certainement été lancée par les négociants champenois. En réalité, peu d'informations sur ce sujet mais beaucoup de légendes.

Aucun historien n'a pu lever ce secret bien gardé tel le Saint-Graal. Seule certitude, c'est que le premier nom utilisé est "Jéroboam" et qu'il fut probablement inventé par Pierre Mitchell, fondateur de la verrerie royale de Bordeaux en 1723. Cet industriel d'origine anglaise a en effet créé dans le Bordelais une bouteille de 5 litres. Mais pourquoi ce nom ? Comment ce roi biblique d'Israël devient-il synonyme d'une bouteille de vin ? Aucune trace écrite mais un poète écossais aurait qualifié cette grosse bouteille « comme la valeur de l'homme qui amena Israël à pêcher »

Et voilà, l'idée est née...

Dorénavant, toutes les bouteilles de vin porteront le nom de personnages bibliques. Suivront ainsi Réhoboam (4,5L), roi de Juda ; Mathusalem (6L), qui aurait vécu 969 ans selon la Bible ; Salmanazar (9L), roi assyrien... Viennent ensuite les rois mages avec Balthazar et ses 12 litres puis Melchior et ses 18 litres. Et le troisième, Gaspard, dont personne ne se rappelle, n'aura pas la chance de voir son prénom associé à une bouteille. Il a dû finir sa bouteille en chemin avant de rendre visite à l'enfant Jésus... On n'oublie pas, bien sûr, Nabuchodonosor et ses 15 litres. Et la médaille revient à Melchizédec, contenant 30 litres, soit 40 bouteilles et pas loin de 300 verres !

Tous ces noms bibliques pour autant de vins...

Rien de plus normal quand on sait que le Vatican détient un record, celui du plus gros consommateur de vin au monde en 2012 (selon Le Wine Institute) : 99 bouteilles/an/habitant ! A en croire ce chiffre, le sang du Christ doit avoir un bon goût de chinon ou de bourgueil...

Et le magnum dans tout ça ? Faut-il remonter aux années 80' avec la fameuse série de Tom Selleck ? En fait, la réalité est beaucoup moins joyeuse que ses chemises à fleurs. Ce terme est la contraction du latin "magnum bonum" (bonne chose), apparu en 1788 en Angleterre. Moins exotique, pas vrai ?

A part le magnum et le jéroboam que vous pourriez rencontrer, toutes ces bouteilles restent assez rares et chères du fait de leur conception en verre. Pour l'anecdote, l'une des plus grosses bouteilles de vin en verre trône dans un restaurant suisse : 480 litres. Elle mesure 2,40 mètres et son bouchon, 18 centimètres.

Comme si cela n'était pas assez simple...

Les régions viticoles adoptent parfois un nom différent pour le même contenant. Le jéroboam bordelais fait 5 litres alors qu'en Bourgogne il ne fait que 3 litres. Le mathusalem de champagne (6L) devient "impériale" à Bordeaux. Tout ceci est bien tordu.

« Mais pourquoi cette bouteille ne fait que 75 cl ? »

Vous voulez plus compliqué ? Alors, vous êtes vous déjà posé cette question : « Mais pourquoi cette bouteille ne fait que 75 cl ? ». Après plusieurs théories comme celle du souffleur de verre et sa capacité pulmonaire de 75 cl, il faut une nouvelle fois se tourner vers nos amis les Grands Bretons. Nous, Gaulois, savons faire le vin (et le boire aussi) mais eux, les Anglais, ont bien compris l'intérêt commercial de ce nectar. Alors là, on s'arrête un peu et on sort la calculatrice. Le vin était transporté dans des barriques bordelaises de 225 litres. Jusque là tout va bien ! Mais en Angleterre, l'unité de mesure est le gallon (environ 4,5 litres), alors les négociants ont dû s'adapter. Ils se rendirent compte que 225 litres correspondaient à 300 bouteilles de 75 cl et qu'une barrique faisait environ 50 gallons (225/4,5). Donc 300 bouteilles réparties en 50 gallons, cela donnait 6 bouteilles par gallon. Et voilà pourquoi aujourd'hui vous achetez un carton de 6 !

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