60 000 tonnes ! C'est la consommation annuelle de pesticides en France. Ça fait froid dans le dos quand on sait que l'Hexagone est le quatrième consommateur de produits phytosanitaires (oui, ça fait moins peur que « pesticides ») derrière les États-Unis, le Brésil et le Japon. Pas de podium international mais au niveau européen nous pouvons nous réjouir de monter sur la plus haute marche. Selon un rapport d'expertise1, « les céréales à pailles, le maïs, le colza et la vigne sont des cultures qui occupent moins de 40 % de la surface agricole nationale et utilisent près de 80 % des pesticides vendus en France chaque année »
Près des 2/3 des fruits que nous consommons contiennent des résidus de pesticides.
Une autre étude de la DGCCRF (Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes) avait révélé que 64,1 % des fruits et 34,8 % des légumes que nous consommons contiennent des résidus de pesticides, et 6 % de ces produits ont une teneur en pesticides supérieure à la limite maximale. « Manger 5 fruits et légumes par jour pour notre santé », oui, mais peut être faudrait-il rajouter bio si l'on en croit la dernière étude internationale coordonnée par l'université de Newcastle.
Les fruits, les légumes et les céréales bio contiennent plus d'antioxydants et moins de métaux lourds.
Publiée le 15 juillet dernier, dans la revue British Journal of Nutrition, cette analyse montre que les fruits, les légumes et les céréales bio ont des concentrations en antioxydants de 18 % à 69 % plus élevées que dans ceux issus de l'agriculture conventionnelle. Ces mêmes antioxydants ultra-médiatisés qui sont bénéfiques pour la santé et qui protégent contre les maladies cardio-vasculaires, neurodégénératives et certains cancers.
Comment peut-on expliquer cette différence ? Le microbiologiste Philippe Nicot, chercheur à l’INRA et qui a participé à cette étude, apporte une première hypothèse2 : « (...) Les cultures bio, plus soumises à des attaques parasitaires, sont davantage portées à se défendre. Or, pour s’adapter à un stress, en réaction à un environnement, les plantes produisent des molécules de défense dont certaines sont des antioxydants ».
Cette étude pointe également du doigt des concentrations plus faibles en métaux lourds et éléments chimiques dans les cultures bio. Les concentrations de cadmium (présent dans les engrais phosphatés), d'azote, de nitrate et de nitrite sont respectivement de 50 %, 10 %, 30 % et 87 % plus faibles dans les cultures bio que dans celles issues de l’agriculture conventionnelle. Cette analyse doit être un « point de départ » selon Carlo Leifert, professeur d’agriculture écologique à l’université de Newcastle qui a piloté ces travaux2 : « Nous avons montré sans l’ombre d’un doute qu’il existe des différences de composition entre les cultures biologique et conventionnelle, mais il y a maintenant un besoin urgent de réaliser des études diététiques spécialement conçues pour identifier et quantifier les impacts sur la santé d’une transition à une alimentation biologique ».
Cette publication vient conforter la prise de conscience du gouvernement qui a lancé le plan Ecophyto en 2008 à la suite du Grenelle Environnement. Celui-ci vise à réduire progressivement l'utilisation de pesticides dans l'agriculture française. Mais encore faut-il que les subventions de la PAC soient cohérentes si nous voulons que les agriculteurs lâchent leurs pulvérisateurs de pesticides et leurs sacs d'engrais chimiques. Puisqu'en 2013, 20 % des plus grosses exploitations européennes se sont partagées 80 % du gâteau3.
(1) expertise réalisée par l'INRA et le Cemagref en 2005.
(2) source lemonde.fr
(3) source lexpansion.lexpress.fr
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