Yves Camdeborde, Philippe Etchebest, Cyril Lignac et Ghislaine Arabian (M6).
L'émission de mercredi soir, "les chefs contre-attaquent" sur M6, portait sur un sujet plutôt à la mode en ce moment : "le made in France". Est-il aussi simple de manger français ? Savons-nous vraiment ce que nous avons dans notre frigo ? Manger des produits de notre terroir coûte-t-il plus cher ? Autant de questions auxquelles les quatre chefs, Cyril Lignac, Philippe Etchebest, Ghislaine Arabian et Yves Camdeborde ont tenté de répondre.
Premier constat, la grande majorité des Français ne savent pas ce qu'ils mangent. Ils sont incapables d'affirmer d'où viennent les aliments qu'ils consomment quotidiennement. Et pire encore, lorsque l'on achète un plat préparé comme le cassoulet de Toulouse, tout le monde serait en droit de penser qu'il est préparé avec de "bonnes" saucisses du Midi-Pyrénée et des haricots qui nous viennent tout droit de Tarbes. Eh bien, impossible de le savoir ! Les industriels ne l'indiquent tout simplement pas et se cachent souvent derrière la législation qui ne les oblige pas à le mentionner. Sans compter certains petits malins qui vous dupent avec des codes visuels vous laissant croire que vous mangez français. Ce qui fait qu'aujourd'hui en France, 80% des produits alimentaires sont d’origine inconnue ! Pour en savoir plus, Ghislaine Arabian et Yves Camdeborde appellent les services consommateurs. Mais cette démarche bien laborieuse est un véritable dialogue de sourds. Ils n'arrivent à obtenir aucune information sur la provenance des matières premières.
80% des produits alimentaires sont d’origine inconnue
Quant à Cyril Lignac et Philippe Etchebest, ils visitent les commerçants et restaurateurs pour inspecter leurs marchandises. Et là encore, le constat est alarmant. Un bon nombre de produits alimentaires ne viennent pas de France ou alors leur provenance est incertaine. Lorsqu'on va faire nos courses en supermarché, on s'aperçoit vite que la démarche de manger "made in France" devient un véritable parcours du combattant : sortir sa loupe, éplucher chaque étiquette des produits et, le tout, sans se laisser avoir par les arguments de vente des experts en communication des groupes agroalimentaires. Une chose est sûre, c'est que nous pouvons nous orienter vers le rayon fruits et légumes où là, la législation oblige les distributeurs à indiquer l'origine des produits importés. Autre solution, nous arrêter sur les aliments affichant une appellation ou un label accordé par l'Institut national de l'origine et de la qualité (INAO) (voir ci-contre).
Les chefs tentent ensuite de connaître l'origine de trois produits de consommation courante : les cornichons, la sauce tomate et le poulet.
Des cornichons d'Inde Cyril Lignac débarque en Inde avec son pot de cornichons. Il en fait goûter à la population locale qui semble découvrir ce nouveau légume. Et pourtant, quasiment tous les cornichons fins et extra-fins vendus en France viennent d'Inde. Un pays où les normes sanitaires sont presque inexistantes. Un agriculteur local présente à Cyril la combinaison qu'il utilise pour asperger sa production de pesticides (dont un est interdit en Europe). Elle ressemble plus à un déguisement de farce et attrape qu'à une véritable protection. Au final, nous apprenons qu'il ne reste plus qu'un producteur de cornichon en France, la Maison Marc installé dans l'Yonne.
La sauce tomate de Chine Philippe Etchebest part en Italie, pensant certainement trouver des champs de tomates à perte de vue. Mais là encore, notre bonne sauce arrabiata qui nous ferait presque voyager au pays des pizzaiolo nous emmène tout droit... en Chine. La province du Xinjiang est le premier fournisseur de concentré de tomate de la planète mais est peu regardante sur l’hygiène alimentaire. Les tomates sont chargées directement dans des camions d'un autre âge, en contact direct avec la tôle rouillée. Les producteurs doivent parfois attendre plusieurs jours en plein soleil avant de pouvoir livrer leurs cargaisons à l'entreprise chinoise. Et les bidons de concentré, qui serviront à préparer nos sauces tomates, sont entreposés à même le sol, en extérieur, sous une chaleur accablante.
Les poulets du Brésil Et enfin, Ghislaine Arabian tente d'en savoir un peu plus sur l'élevage des poulets qui serviront à faire les nuggets industriels. Elle part à la rencontre d'un éleveur français qui semble bien désarmé face à une concurrence international. Ses poulaillers sont vides ! A ce rythme là, il confie à la caméra que la filière française pourrait disparaître en 10 ans. Mais d'où viennent les poulets alors ? Ghislaine se retrouve au Brésil, 3e producteur mondial de poulets, dans une usine d'abatage. 12000 poulets à l'heure ! Un travail à la chaîne qui laisse la chef sans voix. Mais elle ne sait pas ce qu'il l'attend lorsqu'elle va visiter une "ferme modèle". Des poulets élevés au sol sans voir la lumière du jour, nourris chaque jour aux antibiotiques. Leur croissance musculaire est si rapide par rapport au développement osseux, qu'ils n'arrivent même plus à tenir sur leurs pattes.
Voilà un constat qui fait froid dans le dos. Même si tout ce qui est produit à l'étranger n'est pas synonyme de mal-bouffe, voulons-nous vraiment voir disparaître notre agriculture française ? Une chose est sûre, si vous souhaitez consommer français, prenez vos distances avec les plats préparés et allez acheter un bon poulet fermier élevé près de chez vous. Et vous, trouvez-vous facile de manger "made in France" ?
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L'Appellation d'origine contrôlée (AOC) désigne un produit brut dont toutes les étapes de fabrication ont été réalisées dans la même zone géographique.
L'Appellation d'origine protégée (AOP) est l'équivalent européen de l'AOC. Cette distinction permet de protéger le nom du produit dans toute l'Union européenne comme le Sainte-Maure de Touraine.
L'Indication géographique protégée (IGP) concerne des produits agricoles et des denrées alimentaires dont les caractéristiques sont étroitement liés à une zone géographique comme le vin, les rillettes de Tours, la farine de blé noir bretonne...
Le Label Rouge atteste un niveau de qualité supérieure. Il doit répondre à des exigences définies dans un cahier des charges homologué par l’INAO.
Le label AB (Agriculture biologique) indique qu'au moins 95% des ingrédients sont issus de l'agriculture biologique respectueuse de l'environnement et du bien-être animal, interdisant l'utilisation des produits de synthèse et des OGM.
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